Laurent Doumont promène ses grooves depuis une vingtaine d’années de club en festival, sur les pavés de Bruxelles et d’ailleurs avec l’ambition d’en égayer la grisaille.

Récemment une quête introspective de ses origines siciliennes a donné vie au projet l’Americano,
douze grands standards italiens joyeusement adaptés
dans un esprit soul-jazz.

 

Imaginez Celentano, Modugno ou Paolo Conte traités à la manière de Marvin Gaye, Al Green ou Serge Gainsbourg...
En fermant les yeux, vous pourrez presque entendre
les vagues sur les plages de Capri !

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Laurent Doumont : vocals & saxes

Vincent Bruyninckx : keyboards

Lorenzo Di Maio : guitar

Sam Gerstmans : bass

Adrien Verderame : drums

Raf D Backer : organ

Michel Seba : percussions

Olivier Bodson : trumpet

David Devrieze : trombone

Daniele Pastore : vocals

Fily Sciacchitano : vocals

Produced by Nicolas Fiszman & Laurent Doumont

Recorded by Rudy Coclet at Jet Studio

Mixed and Mastered by Vincent De Bast at Sonar Studio

 

Comme son nom ne l’indique pas, Laurent Doumont est Italien par sa mère. Née Lo Presti, elle a quitté sa Sicile natale à l’âge de huit ans avec sa mère et trois de ses frères et sœurs pour venir rejoindre son père qui travaillait dans les mines wallonnes.

 

Où qu’ils soient dans le monde, les Italiens gardent toujours un lien fort avec leur région d’origine. Si parmi tout ce qui les relie à l’Italie, la cuisine occupe souvent l’imprenable première place, la musique - la chanson en particulier - y tient aussi un rôle significatif.

Qu’il s’agisse d’airs traditionnels ou d’autres, plus modernes, arrivés aux oreilles de la jeunesse italienne de la diaspora par la radio ou le cinéma, chaque chanson italienne porte en elle un peu de nostalgie du pays.

 

Laurent Doumont est né dans une famille de musiciens et de mélomanes : sa mère, batteuse et accordéoniste joue tous les weekends avec son frère, sa soeur et deux de ses beaux-frères dans un groupe de bal, les Saint-Tropez. Laurent grandit en entendant les mélodies de Salvatore Adamo, Bobby Solo, Domenico Modugno… L’Italie n’est jamais loin : la culture quotidienne faite de musique et de cuisine relevée par l’accent indéniable de la grand-mère nourrit le roman familial, comme dans beaucoup de familles exilées. On évoque souvent le départ vers la Belgique, l’oncle violoniste tué par un bus sur la route vers un concert, la soeur aînée restée au pays, les histoires d’amour et de famille.

Il était une fois… l’Americano

Du côté belge, son père, amateur de blues et de rock’n roll préfère quant à lui Fats Domino et Jerry Lee Lewis, mais ne se prive jamais du plaisir d’entendre Svalutation d’Adriano Celentano sur son vieux juke-box. Les enfants apprennent le piano, Laurent s’essaie aussi au saxophone…

 

Souvent leurs vacances estivales ont lieu en Italie du nord ; le lien avec le sud semble rompu. Mais à l’âge de 17 ans, Laurent part en famille vers la Sicile pour la première fois.

Quarante ans après l’avoir quittée, sa mère y retrouve sa soeur, et Laurent y découvre toute une branche inconnue de l’arbre familial. Face à ses lacunes en italien, il décide de l’apprendre, encouragé par la découverte de l’Histoire, du cinéma, des sites archéologiques, de la richesse culturelle du pays, et inscrit son appartenance dans quelque chose de plus vaste.

 

En parallèle, Laurent a appris à jouer du saxophone en autoditacte. Peu après, il décide d’étudier la musique et de s’y consacrer professionnellement, à la faveur de rencontres déterminantes avec quelques musiciens (en premier lieu son cousin Patrick Deltenre, puis Daniel Romeo, Michel Hatzigeorgiou, Marc Lelangue, Eric Legnini…). Très rapidement, les premiers concerts s’enchaînent, un premier album sort en 2000 (Soul Quintet). À cette époque, il part poursuivre le rêve américain à New York pendant deux ans. À son retour en Belgique, il continue à jouer dans différents contextes, tout en menant ses projets personnels en tant qu’auteur, compositeur, chanteur et saxophoniste. Papa Soul Talkin’, son deuxième album, voit le jour en 2012.

 

Toute la musique à laquelle il a été exposé, qu’il a jouée et qu’il aime s’incarne aujourd’hui dans l’Americano. Ses influences musicales rejoignent l’histoire familiale et personnelle, dans une interprétation aussi sincère et singulière que possible. Dans le respect absolu des mélodies et textes originaux, il a cherché pour chaque chanson la meilleure adaptation, en fonction de ses paroles et de sa signification subjective. Ce répertoire fait partie de lui et du musicien qu’il est devenu.

Toute chanson raconte autant sa propre histoire qu’elle évoque l’histoire de chacun.

Voici ce que celles-ci représentent pour moi.

 

Come Prima (S.Taccani, V. Dipaola - M. Panzeri)

Il s’agit d’une déclaration, une promesse d’amour sur fond de retrouvailles. L’élan lyrique sur la valse originale, porté par Tony Dallara ou Dalida souligne l’aspect romantique de ce moment. Cette version, qui rappelle la soul des années 1970 façon Al Green, lui apporte plus de sensualité, ce qui peut faire douter de la sincérité de cette promesse, mais rend aussi plus forte l’envie d’y croire.

 

Azzurro (P. Conte, M.Virano - V. Pallavicini)

Une étrange histoire contée gaiement, tragi-comédie à l’italienne, celle d’un homme qui pour tromper son ennui finit par agir contre son propre désir, à chacun d’imaginer comment…

Entendue mille fois par Celentano, je ne l’ai véritablement appréciée que chantée par son compositeur Paolo Conte, dans sa version «Concerti». Si le rythme swing de celle-ci fait facilement penser au style de Conte, il ne l’a, à ma connaissance, jamais interprétée de cette façon.

 

Tu Vuo fà l’Americano (R. Carosone - N. Salerno)

Pièce incontournable du répertoire italien, elle évoque l’influence américaine sur la jeunesse italienne de l’après-guerre. Cette chanson aux paroles napolitaines connaîtra un succès mondial et apparaîtra dans quelques films hollywoodiens, juste retour des choses ! En présentant un soir cette chanson au public, je me suis rendu compte qu’être sur scène, chanteur et musicien de soul et de jazz, revenait en somme à faire l’Américain. J’en ai fait mon métier !

 

Nel Blu dipinto di Blu
(D. Modugno - F. Migliaci)

LE standard italien par excellence ! Cet air enjoué, aussi connu sous le nom de «Volare», porte discrètement un texte d’un grand romantisme, inspiré dit-on par un tableau de Marc Chagall, Coq rouge dans la nuit. J’ai voulu accentuer ce sentiment, et en proposer cette version tendre et mélodique. En contre-chant, le bugle d’Olivier Bodson lui répond avec douceur.

 

Dolce Paola (S. Adamo)

Ode déférente à la beauté de la Princesse Paola, cette chanson de Salvatore Adamo fit couler beaucoup d’encre. Compliments polis, pudiques déclarations, ses paroles nourrirent pourtant les rêves de romance des publics belges et italiens pour le chanteur et la Princesse. Un demi siècle plus tard, c’est avec une certaine espièglerie que j’y ai ajouté une touche de sensualité avec cette version, dont l’introduction rappelle immanquablement «Let’s get it on» de Marvin Gaye.

 

Ventiquattromila Baci (A. Celentano - E. De Paulis - L. Fulci, P. Vivarelli)

Pas de promesse ou de déclaration d’amour pour Celentano, vingt quatre mille baisers par jour suffiront. Il y avait peu à faire pour que ce rock endiablé sonne comme un standard soul-jazz ; quelques points de tempo en moins, un groove plus suave et un solo tout en élégance de Vincent Bruyninckx au piano.

 

Guarda Come Dondolo (E. Vianello - C. Rossi)

On la trouve dans Le Fanfaron (Il Sorpasso) de Dino Risi, avec Vittorio Gassman en séducteur crâneur et Jean-Louis Trintignant en jeune homme timide, sur fond de Ferragosto (fêtes du quinze août) dans la Toscane des années 1960. Guarda Come Dondolo est la chanson qui a fait découvrir le twist à l’Italie, elle évoque la joie de vivre, l’insouciance, la dolce vita…

 

Una Giornata al Mare (P. Conte - G. Conte)

À chaque écoute, et à présent lorsque je la chante, cette chanson de Paolo Conte fait ressurgir en moi des souvenirs d’une époque particulière. En 1987, nous sommes partis en famille pour la Sicile, que ma mère revoyait pour la première fois depuis son départ en 1946. Durant les longues étapes en voiture, nous cherchions un terrain d’entente musical entre les générations. Parmi les cassettes sélectionnées, «Concerti» de Paolo Conte, était la plus prisée, et cette chanson, l’une de nos préférées. Elle resta longtemps dans le lecteur de la voiture, et servit plus tard de bande-son à nos allers-retours Charleroi - Coxyde. Et à chaque voyage, Una Giornata al Mare résonnait comme la promesse d’une belle journée.

 

Tintarella di Luna (B. Defilippi - B. Migliaci)

«Une chanson sur le bronzage», comme je me plais à l’annoncer sur scène… Pas exactement, cette chanson écrite pour la grande Mina raconte l’histoire d’une belle

qui préfère prendre les couleurs de la lune plutôt que celles du soleil, et lorsque la lune est pleine, elle en devient transparente…et plus belle encore ! La version de cet album commence par une intro des choeurs inspirée par les Beach Boys, passe par un blues classique sur un groove New Orleans et se termine par un passage onirique, ode à la lune sur fond de célesta.

 

La Notte (S. Adamo)

J’ai d’abord connu ce morceau dans sa version française «La nuit», par son compositeur Salvatore Adamo. J’ai été séduit par la profondeur de son texte, sa mélodie tragique, et la force de son interprétation. Lorsque j’ai rencontré Nicolas Fiszman pour préparer avec lui l’Americano, il m’a suggéré d’y ajouter cette chanson dans sa version italienne. Quelques jours plus tard, j’eus l’idée de cette version, un peu «gainsbourienne» qui, je crois, correspond bien à sa noirceur.

 

Svalutation (G. Santercole - A. Celentano, L. Beretta, V. Pallavicini)

Nous avions le 45 tours de «Svalutation» à la maison, dans un vieux juke-box acheté par mon père. Il tournait sans cesse et finit aussi lisse que les pneus d’une vieille Alfa Romeo. C’est le premier morceau dont j’ai fait l’adaptation pour ce disque. Les paroles qui décrient la politique italienne, la crise, l’américanisation d’une jeunesse égarée et la dévaluation de la lire sont d’une incroyable actualité ! Pour les porter, il m’a semblé qu’un rap d’aujourd’hui correspondrait bien au rock d’alors.

 

Vitti Na Crozza (F. Li Causi)

Cette chanson, souvent entonnée joyeusement par les Siciliens est devenue l’hymne de leur île. Pourtant le texte original parle avec gravité de la mort, de la vieillesse et de l’oubli. En 1939, mon grand-père Calogero emmena son fils Angelo, violoniste de talent, jouer à des noces familiales dans sa ville d’origine, Agrigento. Ils partirent à vélo de Piazza Armerina où ils vivaient alors. En chemin, Angelo fut renversé par un bus. Il mourut au bord de la route et fut enterré sans cérémonie à la fosse commune du cimetière de Caltanissetta. Il avait dix-huit ans. Je pense souvent à la solitude de cet homme tenant son fils mort dans les bras.

À cet oncle avec lequel je partage l’un de mes prénoms, et que j’ai rejoint dans la vie artistique, à ce grand-père incompris, à ces hommes que je n’ai pas connus et que j’aime pourtant, je dédie cette interprétation mélancolique de Vitti Na Crozza.

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